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Hyperperméabilité intestinale & maladies auto-immunes



Qu’est que l’hyperperméabilité intestinale (HPI)

L’intestin doit être perméable à un certain degré.


La muqueuse intestinale ne doit laisser passer que les nutriments, mais pas les grosses molécules, agents pathogènes, substances toxiques sécrétées par les bactéries, etc. 


Pour cela, les cellules intestinales sont « collées » entre elles via ce qu’on appelle des jonctions serrées.


Si la barrière intestinale n’est plus sélective et laisse entrer dans la circulation sanguine et lymphatique des substances qui ne devraient pas (microbes, toxines, aliments non digérés), on parle alors d’hyperperméabilité intestinale (HPI).


Le passage de ces substances va induire une réaction du système immunitaire : c’est l’inflammation.


A moyen/long terme, l’hyperperméabilité intestinale va induire un grand nombre de désordres dont le développement de maladie(s) auto-immune(s) (Kinashi & Hase, 2021).



Maladies auto-immunes & HPI

De nombreuses maladies auto-immunes sont liées à une HPI et une dysbiose : sclérose en plaque, arthrite rhumatoïde, maladie cœliaque, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), lupus, psoriasis, hypothyroïdie d'Hashimoto, hyperthyroïdie de Basedow, diabète de type 1, spondylarthrite ankylosante... (Kinashi & Hase, 2021; Rodina & Derovs, 2022; Sikora et al., 2018).


Cela n'est pas surprenant. En effet, les maladies auto-immunes sont caractérisées par la production d'anticorps contre ses propres organes et tissus. Ce phénomène se produit lorsque le système immunitaire n'est plus en mesure de faire la différence entre le soi et le non soi.


Or, c'est au sein de notre tube digestif que le système immunitaire, en lien avec notre microbiote, fait le "tri". Si l'intestin est une vraie passoire, le système immunitaire est en permanence excité et, ne sachant plus où donner de la tête, va commettre des erreurs et s’attaquer à nos propres tissus.




Facteurs favorisant l’hyperperméabilité intestinale

Certains éléments favorisant l’HPI ne sont pas modifiables.


La méthode de naissance (césarienne ou voie basse), l’allaitement ou la prise d’antibiotiques durant l'enfance ne sont pas des éléments sur lesquels on peut agir.


Toutefois, la majorité des éléments agissant sur notre microbiote et donc favorisant l’HPI restent en notre contrôle.

 

Voici les éléments peuvent augmenter la perméabilité intestinale.


Certaines bactéries

En se multipliant excessivement, certaines bactéries peuvent adhérer aux cellules épithéliales et les léser, libérer des toxines et provoquer des lésions inflammatoires.


C’est le cas par exemple du SIBO.


Les bactéries peuvent poser un problème soit en était « au mauvais endroit », soit en se multipliant de façon problématique, notamment en cas de bactéries à caractère pathogène, où à l'inverse, en étant présentes en trop faible quantité.


Infections

Une infection virale, parasitaire, fongique ou bactérienne peut perturber grandement le microbiote intestinal, et peut d'ailleurs être à l'origine d'un déclenchement d'une maladie auto-immune (Zhang, 2023).


 

Certains aliments

Une alimentation riche en graisses favorise l’HPI, la dysbiose et  augmente le taux de LPS (endotoxines produites par les bactéries (Usuda et al., 2021)


Fritures, acide gras trans, excès d’oméga-6 par rapports oméga-3 favorisent et aggravent l’HPI (Yang et al., 2020)


Le sucre favorisant l’inflammation est à consommer avec modération (Esposito et al., 2002).






Gluten

Le gluten favorise la libération de zonuline, et donc l’HPI (Fasano, 2020; Lammers et al., 2008) chez tout le monde (Hollon et al., 2015).



Déficits en nutriments

Des déficits en micronutriments tels qu’en zinc, vitamine D, A, vitamines du groupe B… perturbent le microbiote et/ou favorisent le développement de l’HPI (Pham et al., 2021; Yang et al., 2020) 



Le manque de fibres

Alors que les recommandations sont de 25 g de fibres/j, les Français en consomment environ 17,5 g (source inrae.fr).


Ceci est un gros problème car les fibres sont la nourriture de nos bactéries. Si les bactéries manquent de fibres, elles ne vont pas produire suffisamment de molécules comme les acides gras à chaine courte, dont le butyrate, essentiel à la santé de nos intestins (Usuda et al., 2021).


Ces acides gras à chaines courte jouent un rôle anti-inflammatoire et sont impliqué la régulation de la perméabilité intestinale (Usuda et al., 2021).


Attention toutefois à ne pas augmenter drastiquement vos apports en fibres. De plus, en cas de dysbiose déjà présente, augmenter ses apports en fibres pourra aggraver les symptômes. Prudence.


 

Edulcorants

Saccharine, sucralose, aspartame acésulfame K appauvrissement et sont délétères pour  le microbiote intestinale et sont à bannir (Suez et al., 2015)

 

Une alimentation non adaptée couplée à la prise de médicaments, un stress chronique, une activité physique intensité ou à l’inverse une sédentarité vont favoriser la dysbiose et donc l’hyperperméabilité intestinale.


Médicaments

AINS*, corticoïdes, IPP, antibiotiques à longue durée sont des destructeurs de la muqueuse et du microbiote intestinal.


La pilule contraceptive est un médicament qui induit des déficit nutritionnels et favorise les troubles digestifs, la dysbiose et l’HPI (Khalili, 2016). Plus d'infos ici.


*Anti-Inflammatoire Non Stéroïdiens : ibuprofène, advil, aspirine, nurofen, antadys.. ici pour la liste complète


Image présentant les principales sources à l'origine d'une hyperperméabilité intestinale. Source : Paray et al, 2020

Pesticides, certains polluants 

Insecticides (Clarke et al., 2019), glyphosate (encore hypothèse) (Clarke et al., 2019), eau chlorée (Martino, 2019), métaux lourds (Rosenfeld, 2017) dont le mercure (pour rappel les gros poissons sont l’une des sources de mercure de notre alimentation majeur), les perturbateurs endocriniens (bisphénol A, phtalate) sont des éléments destructeurs pour notre éco-système intestinal.



Radiothérapie et chimiothérapie


Substances toxiques

Telles que l'alcool (Bode & Bode, 2003) (Bishehsari et al., 2017) et le tabac (Banaszak et al., 2023)

 


Stress chronique

Le stress chronique est délétère pour la santé intestinale. Les principaux effets du stress sur la physiologie du tube digestif sont (Konturek et al., 2011):

  • Altération de la motilité gastrointestinale pouvant induire une diarrhée ou de la constipation

  • Augmentation de la perception viscérale (soir une hypersensibilité viscérale)

  • Modification des sécrétions gastrointestinales

  • Augmentation de la perméabilité intestinale

  • Perturbation de la régénération de la muqueuse et de l’irrigation sanguin du tube digestif


A noter qu'une hyperperméabilité intestinale favorisera l'anxiété, créant un verticale cercle vicieux (Kelly et al., 2015)



Conclusion

L'intestin est la barrière entre le soi et l'extérieur. L'intestin (faisait ici référence à la muqueuse intestinale) fait partie de l'écosystème digestif qui est également composé du microbiote, du mucus et du système immunitaire.


De nombreuses causes peuvent être à l'origine d'une hyperperméabilité intestinale. Parce l'HPI est retrouvé en cas de maladies auto-immunes, il est indispensable de travailler sur la régénération de la barrière intestinale.


Mise en garde : contrairement à ce que l'on peut entendre/lire, la glutamine prise isolément ne réparera pas votre intestin.

Un protocole personnalisé adapté à vos besoins et selon les causes identifiés jouant un rôle dans votre HPI devra être mis en place. Aussi, un accompagnement par un professionnel qualité est nécessaire.


 

Article rédigé par Juliette, Diététicienne micronutritionniste, formatrice et auteur du site juliette-nutrition.com










Bibliographie

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