La majorité des cellules du système immunitaire se trouve dans le tube digestif, notamment dans l’intestin grêle.
Ce n’est pas au hasard : c’est à ce niveau que notre corps est le plus en contact avec l’extérieur, et donc avec des microbes, dont des pathogènes potentiels.
Le microbiote intestinal, constitué de bactéries, levures, virus et autres microbes, joue un rôle crucial dans la régulation du système immunitaire (De Luca & Shoenfeld, 2019).
Zoom sur le microbiote
Nous possédons de nombreux microbiotes : cutanée (peau), buccal, génital, pulmonaire, etc., mais le microbiote intestinal est le plus riche et diversifié.
Source : Inserm
La composition du microbiote intestinal varie selon plusieurs facteurs tels que le mode d’accouchement, l’environnement géographique, l’alimentation, l’activité physique, le sexe, l’âge et la consommation d’antibiotiques notamment (Marietta et al., 2019).
Le microbiote intestinal est indispensable à la vie, et les bactéries qui y résident jouent de nombreux rôles. Elles :
Synthétisent des vitamines, notamment les vitamines K et du groupe B (LeBlanc et al., 2013).
Participent à l’immunité, en synthétisant par exemple des substances inhibant le développement de bactéries non favorables et de virus tels que des bactériocines (Banaszak et al., 2023).
Produisent des substances bénéfiques, dont les acides gras à chaines courtes (AGC), tel que le butyrate, source d’énergie majeure pour les cellules du côlon. Le butyrate a une action antimicrobienne et est qualifié d’anti-inflammatoire naturel (Guilloteau et al., 2010).
Recyclent, synthétisent ou détériorent nos hormones. Par exemple, 20% de la T4 (hormone thyroïdienne) est convertie en T3 (forme active) dans le microbiote.
Sont impliquées (et leurs métabolites) dans la réponse au stress et influencent notre comportement (Mayer et al., 2015).
Participent au maintien de l’intégrité (= bonne santé) de la barrière intestinale (Aleman et al., 2023).
Dysbiose & MAI
Les dix milles milliards de microbes vivant dans le tube digestifs doivent être présents selon un certain équilibre. Une dysbiose est la perte de cet équilibre.
La dysbiose peut être liée à un manque de micro-organismes bénéfiques, et/ou un excès de micro-organismes potentiellement délétères et/ou une perte de diversité (c’est-à-dire moins d’espèces différentes).
Parce que le microbiote est également garant de l’intégrité de la muqueuse intestinale, la dysbiose va fragiliser cette barrière intestinale, induisant une hyperperméabilité intestinale et donc une perturbation du système immunitaire, ce qui peut déclencher une réaction auto-immune.
De nombreuses études ont montré que le microbiote intestinal des personnes développant une maladie inflammatoire chronique de l'intestin est moins riche, et est dans un état de dysbiose (De Luca & Shoenfeld, 2019).
Grâce à la recherche, on commence à identifier des dysbioses types selon la maladie auto-immune déclarée. Par exemple, on note une perte de Prevotella, Parabacteroides, Adlercreutzia, and Lactobacillus chez les personnes ayant une sclérose en plaques (Mangalam et al., 2021).
Il est intéressant de noter que les déficits en vitamines D, A, sélénium ou oméga-3 favorisent la dysbiose, démontrant une fois de plus le rôle indéniable de l'alimentation et la micronutrition dans la prévention et la prise en charge des maladies auto-immunes.
Conclusion
L’association entre déséquilibre du microbiote et maladie auto-immune est bien reconnue. Chez les personnes ayant un terrain prédisposé (génétique et facteurs environnementaux), une dysbiose peut induire une maladie auto-immune.
Aussi, travailler sur l’écosystème intestinal et chercher à rétablir un microbiote sain et de qualité sera bénéfique, voire essentiel, même en cas de maladie auto-immune déjà déclenchée.
Certains tests (analyse du microbiote et/ou de ses métabolites) et compléments adaptés pourront être utiles. Parlez-en à votre professionnel de santé.
Références
Aleman, R. S., Moncada, M., & Aryana, K. J. (2023). Leaky gut and the ingredients that help treat it: a review. Molecules, 28(2), 619.
Banaszak, M., Górna, I., Woźniak, D., Przysławski, J., & Drzymała-Czyż, S. (2023). Association between Gut Dysbiosis and the Occurrence of SIBO, LIBO, SIFO and IMO. Microorganisms, 11(3), 573.
De Luca, F., & Shoenfeld, Y. (2019). The microbiome in autoimmune diseases. Clinical & Experimental Immunology, 195(1), 74-85.
Garvey, M. (2023). The Association between Dysbiosis and Neurological Conditions Often Manifesting with Chronic Pain. Biomedicines, 11(3), 748.
Guilloteau, P., Martin, L., Eeckhaut, V., Ducatelle, R., Zabielski, R., & Van Immerseel, F. (2010). From the gut to the peripheral tissues: the multiple effects of butyrate. Nutrition Research Reviews, 23(2), 366-384.
LeBlanc, J. G., Milani, C., De Giori, G. S., Sesma, F., Van Sinderen, D., & Ventura, M. (2013). Bacteria as vitamin suppliers to their host: a gut microbiota perspective. Current opinion in biotechnology, 24(2), 160-168.
Mangalam, A. K., Yadav, M., & Yadav, R. (2021). The emerging world of microbiome in autoimmune disorders: Opportunities and challenges. Indian journal of rheumatology, 16(1), 57.
Marietta, E., Horwath, I., Balakrishnan, B., & Taneja, V. (2019). Role of the intestinal microbiome in autoimmune diseases and its use in treatments. Cellular immunology, 339, 50-58.
Mayer, E. A., Tillisch, K., & Gupta, A. (2015). Gut/brain axis and the microbiota. The Journal of clinical investigation, 125(3), 926-938.
Article écrit par Juliette, Diététicienne-nutritionniste France et Nouvelle Zélande
Retrouvez plus de son contenu sur son site juliette-nutrition.com
Son instagram: @juliettenutrition
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