Sucre & inflammation : comment le sucre affecte-t-il les maladies auto-immunes ?
- Anne-Claire Dumont

- 28 sept.
- 6 min de lecture

En quelques décennies, notre consommation de sucre a littéralement explosé. Chaque seconde, plus de 70 kilos de sucre sont consommés en France — l’équivalent d’environ 2,2 millions de tonnes par an. En moyenne, cela représente entre 25 et 35 kg de sucre par personne, dont une grande partie provient des aliments industriels et des boissons sucrées (Planetoscope).
Or, de plus en plus d’études montrent que cet excès de sucre pourrait entretenir un état d’inflammation chronique dans l’organisme — un phénomène directement impliqué dans les maladies auto-immunes, où le système immunitaire s’attaque à nos propres tissus.
Dans cet article, nous explorons comment le sucre peut influencer les mécanismes de l’inflammation dans l’organisme et par conséquent, les maladies auto-immunes. Nous partageons aussi des habitudes simples et concrètes pour mieux en limiter les effets au quotidien.
Le sucre et l’inflammation : mécanismes scientifiques
Le rôle du sucre dans l'inflammation
La consommation excessive de sucres ajoutés est aujourd’hui reconnue comme un facteur potentiel de l’inflammation chronique. Une revue scientifique publiée dans Frontiers in Immunology (Zhang et al., 2022) souligne que l’excès de sucre favorise la production de cytokines pro-inflammatoires (comme l’IL-6 et le TNF-α) et la formation de produits de glycation avancée (AGEs), qui endommagent les tissus et entretiennent la réponse inflammatoire (Zhang et al., 2022).
De plus, une étude du National Institutes of Health (NIH, 2021) a montré que des régimes riches en sucres peuvent aggraver la réponse immunitaire chez l’animal en stimulant des cellules inflammatoires spécifiques (Th17), associées à plusieurs maladies auto-immunes (NIH Research Matters, 2021).
En résumé, le sucre n’est pas qu’une source d’énergie : lorsqu’il est consommé en excès, il agit comme un facteur inflammatoire, créant un terrain propice aux déséquilibres immunitaires.
Impact sur le microbiote intestinal
Comme nous l’avons déjà évoqué dans des articles précédents, l’intestin est un pilier clé dans de nombreuses maladies auto-immunes. Une alimentation riche en sucres et en aliments ultra-transformés peut engendrer :
un déséquilibre de la flore intestinale (microbiote)
une augmentation de l'hyperméabilité intestinale (“leaky gut” en anglais) entrainant le passage de molécules inflammatoires dans la circulation sanguine. Ce phénomène, mis en évidence par le National Institutes of Health (NIH, 2021), pourrait contribuer à amplifier les réactions auto-immunes et le stress oxydatif dans l’organisme (NIH Research Matters, 2021).
Effets métaboliques
Un excès de sucre peut dérégler le métabolisme et entretenir l’inflammation dans tout l’organisme. En favorisant la résistance à l’insuline et l’accumulation de graisse abdominale, il stimule la production de cytokines pro-inflammatoires comme l’IL-6 et le TNF-α. Une revue publiée dans Nutrients (Mann et al., 2022) souligne que ce déséquilibre entretient un véritable cercle vicieux, où une consommation élevée de sucre alimente l’inflammation et intensifie la réaction du système immunitaire (Mann et al., 2022).
Le sucre favorise aussi le stress oxydatif, c’est-à-dire la production excessive de radicaux libres qui endommagent les cellules et entretiennent l’inflammation. Or, l’hyperglycémie chronique augmente les réactions oxydatives et la formation de produits toxiques appelés AGEs (Free Radical Biology & Medicine, 2019 — Zhu et al., 2019).
Résultat : un organisme plus vulnérable aux processus inflammatoires, ce qui peut aggraver la fatigue ou les poussées inflammatoires chez les personnes concernées par une maladie auto-immune.
Sucre et maladies auto-immunes : preuves cliniques
Adopter un mode de vie sain en parallèleCe que montrent les études
Chez l’animal, plusieurs études du NIH ont montré qu’un régime riche en glucose aggravait des modèles de sclérose en plaques et de maladie de Crohn en activant des cellules immunitaires pro-inflammatoires (Th17).
Chez l’humain, des observations similaires émergent :
Une consommation élevée de boissons sucrées est associée à un risque accru de polyarthrite rhumatoïde.
Chez les personnes atteintes de lupus, une alimentation riche en sucres libres est liée à une activité de la maladie plus importante.
Même si la causalité directe reste à démontrer, la cohérence des données invite à la prudence : trop de sucre pourrait entretenir l’inflammation et aggraver les symptômes.
Exemples de symptômes exacerbés
Pour de nombreuses personnes atteintes de maladies auto-immunes, un apport élevé en sucre peut contribuer à :
une fatigue accrue (via fluctuations glycémiques, inflammation systémique, insulinorésistance)
des douleurs articulaires ou musculaires plus marquées (dans la PR par exemple)
des poussées inflammatoires plus fréquentes ou plus intenses — ou du moins un terrain aggravé Bien que le sucre ne soit pas la cause unique de ces poussées, il peut « mettre de l’huile sur le feu » dans un système immunitaire déjà sensibilisé.

Réduire le sucre pour mieux gérer l’auto-immunité
Identifier les sources de sucre
L’objectif n’est pas de bannir le sucre, mais de retrouver un équilibre durable. Le corps a besoin d’énergie, et le sucre en fait partie — mais tout est question de qualité, de quantité et de régularité.
Choisir des sucres de bonne qualité
Les fruits entiers, les légumes racines (carottes, patates douces) et les céréales complètes apportent des sucres naturels accompagnés de fibres, de vitamines et d’antioxydants. Ces nutriments ralentissent l’absorption du glucose et évitent les pics de glycémie. Privilégiez les fruits entiers plutôt que les jus ou boissons sucrées : ils apportent aussi des fibres, des vitamines, des antioxydants.
Dans vos préparations maison, nous vous recommandons d’utiliser des édulcorants naturels ou des versions « moins sucrées » (sucre de coco, sirop de coco, miel, sucre d’érable, sirop d’érable) mais gardez la modération à l’esprit. Vous pouvez également remplacer le sucre par des épices (cannelle, clou de girofle, basilic, citronnelle, vanille, curcuma…).
L’astuce de BEAI : une pomme avec une poignée d’amandes, ou un carré de chocolat noir (min. 85 %) après le repas pour un plaisir sans excès.
Apprendre à repérer les sucres cachés
Les sucres se cachent souvent dans les produits industriels, même salés : sauces, plats préparés, charcuteries, yaourts aromatisés… Sur les étiquettes, méfiez-vous des mots qui se terminent par -ose (glucose, fructose, maltose) ou des sirops (de maïs, d’agave, de riz).
Le conseil de BEAI : plus la liste d’ingrédients est courte, mieux c’est !
Réhydrater et soutenir l'élimination
La déshydratation peut augmenter les envies de sucre. Boire suffisamment d’eau aide à réguler la glycémie et à soutenir le travail du foie et des reins, essentiels à la détoxification.
Le conseil de BEAI : on vous recommande de boire des infusions drainantes et apaisantes (romarin, ortie, pissenlit ou cannelle). L’hydrologie douce (bains tièdes, douches écossaises) est également intéressante car elle stimule la circulation et aide à réduire les tensions liées à l’inflammation.
Favoriser une alimentation à faible indice glycémique
Le régime méditerranéen ou les approches anti-inflammatoires privilégient les aliments frais, les bonnes graisses (huile d’olive, d’avocat, poissons gras), les fibres et les protéines (viandes, poissons).
Le conseil de BEAI : par exemple, vous pouvez cuisiner un plat à base de patate douce, brocoli, églefin accompagné d'une sauce au citron.
Bouger pour réguler la glycémie et calmer l'esprit
L’activité physique aide les muscles à utiliser le glucose et à stabiliser la glycémie.
30 minutes de marche douce, de yoga, de natation ou de pilates suffisent à réduire les envies sucrées et les poussées d’inflammation. En outre, le mouvement en conscience (comme le Qi Gong ou la respiration cohérente) stimule le système parasympathique, diminue le stress et aide à rééquilibrer la réponse immunitaire.

A retenir
Le sucre, consommé en excès, peut nourrir une inflammation silencieuse qui fragilise l’équilibre du système immunitaire. En effet, il stimule la production de molécules inflammatoires, perturbe le microbiote intestinal et favorise le stress oxydatif — autant de mécanismes susceptibles d’aggraver la fatigue, les douleurs ou les déséquilibres liés aux maladies auto-immunes.
La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible d’agir, sans frustration ni restriction. Réduire le sucre ajouté, privilégier les aliments frais et naturels, bouger régulièrement et bien s’hydrater sont autant de gestes simples qui, répétés au quotidien, aident à apaiser l’inflammation et à retrouver énergie et clarté mentale.
Chaque personne vit son auto-immunité différemment : un accompagnement personnalisé avec un·e professionnel·le de santé, un·e nutritionniste ou un·e naturopathe permet d’ajuster ces conseils à vos besoins, votre rythme et votre réalité de vie.
Sources
Zhang et al., 2022 : https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC9471313/
Mann et al., 2022, Nutrients : https://www.mdpi.com/2072-6643/14/21/4613
Zhu et al., 2019, Free Radical Biology & Medicine, https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC9471313/
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Article rédigé par : Anne-Claire Dumont, Rédactrice BEAI & Naturopathe
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