8 plantes bénéfiques pour la santé mais déconseillées en cas de maladies auto-immunes
- Anne-Claire Dumont

- 1 oct.
- 8 min de lecture

La phytothérapie est souvent présentée comme une alliée naturelle pour renforcer le système immunitaire, lutter contre la fatigue ou soutenir la santé globale. Mais lorsqu’il s’agit de maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, sclérose en plaques, lupus, thyroïdite de Hashimoto, etc.), la logique est différente : le système immunitaire n’a pas besoin d’être renforcé, mais régulé.
En effet, ces pathologies se caractérisent par un emballement immunitaire, où les défenses naturelles se retournent contre leurs propres cellules et tissus de l’organisme. Par conséquent, des plantes réputées pour "stimuler les défenses" peuvent, au contraire, aggraver l’inflammation et les symptômes.
Dans cet article, nous détaillons 8 plantes déconseillées en cas de maladies auto-immunes, avec leurs spécificités et les raisons de prudence.
1. L’Échinacée (Echinacea purpurea, angustifolia, pallida)
L’Échinacée est une plante réputée pour ses propriétés stimulantes du système immunitaire et son action anti-infectieuse. Elle est souvent employée en prévention ou en accompagnement des infections hivernales (rhume, grippe) et peut également être utilisée dès les premiers signes d’infection.
Usages principaux : prévention des infections hivernales, réduction de la durée des rhumes.
Mécanismes : l’Échinacée stimule les macrophages et les lymphocytes T. Elle renforce la phagocytose des granulocytes et macrophages. Elle augmente aussi la production de cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, IL-1, IL-6).
Risque en auto-immunité : cette activation peut renforcer l’inflammation et accentuer la réponse auto-agressive du système immunitaire.

2. L’Astragale (Astragalus membranaceus)
Considérée comme une plante adaptogène, l’Astragale est décrite dans les textes classiques de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) comme un soutien de la « force vitale ». Elle est utilisée comme tonique pour stimuler l’organisme et favoriser le bon fonctionnement du système immunitaire.
Usages principaux :
Stimulation du système immunitaire
Action antivirale
Action anti-inflammatoire
Action anti-allergique (elle atténue les symptômes de la rhinite allergique en réduisant l’inflammation au niveau des voies respiratoires)
Action sur le vieillissement (due à sa richesse en antioxydants)
Mécanismes : l’Astragale est reconnue pour sa capacité à renforcer la production d’anticorps, notamment les IgA et IgG au niveau des muqueuses nasales, ce qui explique son usage fréquent chez les personnes sujettes aux infections respiratoires récurrentes (Yuyan Che. et al., 2024). Elle stimule également la moelle osseuse et les tissus lymphoïdes en augmentant le nombre de cellules souches et en favorisant leur différenciation en cellules immunitaires pleinement actives.
Cette plante contribue à réactiver des cellules de défense mises au repos, à accroître la production d’immunoglobulines et à stimuler les macrophages. Elle soutient aussi la régénération des lymphocytes T et l’activité des cellules NK (Natural Killer), essentielles dans la lutte contre les infections. Enfin, elle favorise la production naturelle d’interféron et en renforce l’action, ce qui la rend particulièrement intéressante dans le cadre des infections virales (Xingmeng Chen. et al. 2019).
Risque en auto-immunité : l’Astragale peut amplifier la réactivité immunitaire déjà excessive, entraînant des poussées inflammatoires.

3. Le Ginseng (Panax ginseng, Panax quinquefolius)
Dans la médecine traditionnelle chinoise, le Ginseng est couramment employé comme fortifiant, considéré comme un tonique du Qi (énergie vitale), et également reconnu pour ses effets stimulants sur le cœur. Il s’agit d’une plante adaptogène possédant une double action : tantôt stimulante, tantôt régulatrice.
Usages principaux :
Améliore la fatigue (usage reconnu par l’OMS)
Redonne du tonus aux personnes affaiblies ou en état de fatigue,
Contribue à retrouver l’endurance physique et la clarté mentale,
Favorise la récupération de l’énergie et de la vitalité après une convalescence.
Mécanismes : le Ginseng agit comme un immunomodulateur naturel grâce à ses principaux composés actifs, les ginsénosides. Ces molécules influencent l’activité des cellules clés du système immunitaire, comme les macrophages, les cellules NK (natural killer) et les lymphocytes T et B. Elles interviennent sur des voies de signalisation intracellulaire (NF-κB, MAPK, STAT), régulant ainsi la production de cytokines pro ou anti-inflammatoires (Hyung-Joon Kwon et al., 2018).
Risque en auto-immunité : cette modulation peut déséquilibrer davantage un système immunitaire instable, avec risque d’exacerbation des symptômes. Cela pourrait provoquer une inflammation accrue, des poussées de symptômes ou une aggravation de la maladie, surtout si le dosage est élevé, la durée prolongée ou si le patient est déjà sous traitement immunosuppresseur.

4. La Griffe de chat (Uncaria tomentosa)
Usages principaux : Originaire d’Amazonie, la Griffe de chat est une liane traditionnellement utilisée comme remède naturel contre les inflammations, les infections virales et certains troubles digestifs. Son attrait vient de ses propriétés réputées anti-inflammatoires et antivirales, qui en ont fait une plante populaire en phytothérapie.
Mécanismes : Sur le plan biologique, la Griffe de chat agit en stimulant les défenses immunitaires. Elle favorise notamment l’activité des globules blancs, augmente l’action des macrophages (les « éboueurs » du système immunitaire) et renforce la production d’interleukines, des molécules de signalisation impliquées dans la communication entre cellules immunitaires.
Risque en auto-immunité : malgré son effet anti-inflammatoire, sa stimulation globale du système immunitaire peut déclencher ou accentuer l’auto-agression (NCCIH).

5. Le Lapacho / Pau d’arco (Tabebuia impetiginosa)
Usages principaux : Le Lapacho, aussi appelé pau d’arco, est un arbre d’Amérique du Sud dont l’écorce interne est traditionnellement utilisée en infusion. Dans les médecines populaires, on lui prête des vertus contre les infections, les douleurs articulaires et certaines inflammations chroniques.
Mécanismes : Au niveau biologique, plusieurs études in vitro et in vivo montrent que les extraits de Lapacho peuvent moduler la production de cytokines et réduire certains médiateurs inflammatoires (comme l’oxyde nitrique ou l’interleukine-6) (Rachael Y M Ryan. et al., 2021). Cependant, les mêmes molécules actives peuvent aussi stimuler d’autres voies immunitaires, notamment selon la dose, la durée et le type d’extrait utilisé.
Risque en auto-immunité : Cette action complexe — à la fois anti-inflammatoire et immunomodulatrice — soulève une question importante en cas de maladie auto-immune. En effet, tout produit qui modifie de façon significative l’activité des lymphocytes ou des macrophages comporte un risque d’amplifier une réponse immunitaire déjà dérégulée. C’est pourquoi, malgré ses vertus de plante « protectrice », le Lapacho est généralement déconseillé sans encadrement médical aux personnes atteintes d’affections auto-immunes (Rachael Y M Ryan. et al., 2021).

6. L'Ashwagandha (Withania somnifera)
Usages principaux : L’Ashwagandha, aussi appelée « ginseng indien », est une plante adaptogène très utilisée en médecine ayurvédique. Elle est réputée pour aider à gérer le stress, améliorer la vitalité, soutenir le sommeil et renforcer la résistance globale de l’organisme. Ses racines contiennent des withanolides, molécules bioactives auxquelles on attribue une partie de ses effets.
Mécanismes : Sur le plan immunologique, plusieurs études montrent que l’Ashwagandha peut stimuler la prolifération des lymphocytes, favoriser l’activité des cellules NK (natural killer) et augmenter la production de certaines cytokines comme l’interféron-γ ou l’IL-2 (Beenish Khan. et al., 2006). Ces effets traduisent une stimulation globale du système immunitaire, qui peut être bénéfique face aux infections ou à la fatigue chronique.
Risque en auto-immunité : son effet immunomodulant est complexe et imprévisible. C’est pourquoi l’Ashwagandha est à utiliser avec prudence chez les personnes atteintes de maladies auto-immunes.

7. La Spiruline (Arthrospira platensis)
La spiruline est une micro-algue bleu-vert riche en protéines, en vitamines (notamment B12), en minéraux et en antioxydants. Considérée comme un « super-aliment », elle est souvent proposée comme complément pour renforcer la vitalité, lutter contre la fatigue ou soutenir les défenses naturelles.
Mécanismes : Sur le plan immunologique, de nombreuses études ont montré que la spiruline peut stimuler l’activité du système immunitaire. Elle favorise l’activation des macrophages, des cellules Natural Killer (NK) et des lymphocytes T, et augmente la production de cytokines telles que l’IL-2, l’IL-6 et l’interféron-γ (T K Mao, J VAN DE Water, M E Gershwin, 2008). Ces effets traduisent une action immunostimulante notable, parfois recherchée pour améliorer la résistance aux infections (Tomohiro Hirahashi. et al., 2002).
Risque en auto-immunité : Au-delà des modèles expérimentaux, des données cliniques rapportent des cas d’auto-immunité associés à la consommation de spiruline. Des séries de cas et rapports isolés décrivent l’apparition ou la recrudescence de dermatomyosite, de pemphigus ou de myopathies inflammatoires après supplémentation (Mazokopakis et al., 2008; Ishii et al., 2011; Karoui et al., 2004). Une étude récente a également montré, sur des PBMC de patients atteints de dermatomyosite, que la spiruline stimule la production d’IFN-β, TNF-α et IFN-γ via l’activation du récepteur TLR4 (Oda et al., 2023). Enfin, une revue systématique récente (Advances in Rheumatology, 2025) a recensé cinq cas documentés d’auto-immunité déclenchée ou exacerbée par la spiruline.
Ces données suggèrent que, malgré son profil nutritionnel favorable, la spiruline exerce une action immunostimulante non spécifique susceptible de favoriser l’auto-agression immunitaire chez des sujets prédisposés. Ainsi, son utilisation doit être contre-indiquée ou, au minimum, strictement encadrée dans le contexte des maladies auto-immunes.

8. L'Aloe vera
Usages principaux : L’Aloe vera est une plante médicinale largement utilisée pour ses propriétés cicatrisantes, hydratantes et anti-inflammatoires. Au niveau digestif, le gel d’aloe est parfois proposé pour améliorer la santé intestinale, favoriser l’équilibre du microbiote et soulager certains symptômes de colite ou de syndrome de l’intestin irritable. Ses polysaccharides, notamment l’acémannane, peuvent en effet moduler l’activité des cellules de l’immunité intestinale et renforcer la barrière muqueuse.
Mécanismes : Sur le plan immunologique, ses polysaccharides (notamment l’acémannane) ont montré une capacité à stimuler l’activité des macrophages, à induire la libération d’IL-1, IL-6, TNF-α, ainsi qu’à activer les cellules dendritiques et lymphocytes T (Zhang et al., 1996; Im et al., 2005). Cette stimulation non spécifique du système immunitaire, recherchée dans certains contextes infectieux ou oncologiques, soulève toutefois un problème dans le cadre des maladies auto-immunes.
Risques en auto-immunité : En effet, plusieurs travaux suggèrent que l’aloe vera peut favoriser une réponse immunitaire de type Th1, déjà impliquée dans de nombreuses pathologies auto-immunes. Quelques rapports cliniques isolés décrivent par ailleurs des cas d’hépatite auto-immune induite par des compléments à base d’aloe vera (Rabe et al., 2005; Yang et al., 2010). Ces observations restent rares mais illustrent le risque potentiel d’une stimulation immunitaire excessive.
Ainsi, bien que l’aloe vera soit généralement perçu comme une plante « douce », ses effets immunomodulateurs justifient une prudence particulière chez les patients atteints de maladies auto-immunes, où son usage est à déconseiller en automédication et doit être discuté avec un professionnel de santé.

Conclusion : prudence avant tout
Ces plantes peuvent être utiles pour renforcer les défenses naturelles chez des personnes fragilisées par des infections récurrentes, des états inflammatoires ou certaines maladies, grâce à leur capacité à stimuler l’activité immunitaire. Cependant, elles présentent certains risques dans le contexte d’une maladie auto-immune :
elles accroissent la production de cytokines inflammatoires,
elles stimulent des cellules immunitaires déjà trop actives,
elles aggravent les poussées auto-immunes.
La phytothérapie reste une ressource précieuse, mais en cas d’auto-immunité, il vaut mieux privilégier des plantes anti-inflammatoires et apaisantes (curcuma, boswellia, réglisse, gingembre…), et toujours sous la supervision d’un professionnel de santé.
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Sources
Christina E Bax et al. 2023: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38026219/
Jozélio Freire de Carvalho, Ana Tereza Amoedo Martinez, 2025 : https://advancesinrheumatology.biomedcentral.com/articles/10.1186/s42358-025-00446-7
Takuya Konno, et al. 2011 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21706829/https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21706829/
Zhang et al., 1996; Im et al., 2005 : https://cdnsciencepub.com/doi/abs/10.1139/o2012-012
Rabe et al., 2005; Yang et al., 2010 : https://jkms.org/pdf/10.3346/jkms.2010.25.3.492
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Article rédigé par : Anne-Claire Dumont, Rédactrice BEAI & Naturopathe
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💗 Merci beaucoup pour cet article et pour avoir détaillé l'action de chacune de ces plantes et en quoi elle est contre-indiquée. Car la plupart du temps on trouve juste la mention "contre-indiqué en cas de maladie auto-immune" sans autre détail. Ce que je trouve hyper frustrant !